Pourquoi démantèle t' on encore de nos jours certains terrils de la région alors que la plupart de ces derniers sont inscrits depuis juin dernier au Patrimoine Mondial de l' Unesco ?
Parce que plusieurs de ces derniers brûlent encore.
Alors pourquoi brûlent t' ils ?
A la remontée du fond où il a été extrait, le charbon est trié, épierré plus exactement, d'abord au début de l'exploitation, par les trieuses dans un atelier spécifique: le triage, puis bien des années plus tard, par les lavoirs modernes utilisant un procédé chimique (liqueur dense ajoutée à l'eau ) qui fait que toutes les particules de charbon flottent et que les stériles coulent au fond du bain avant d'être mis à terril.
Tous ces stériles évacués du carreau d'exploitation, constitueront au fil des années les terrils qui jalonnent notre bassin minier.
Avant la nationalisation en 1946, le minerai était traité, mais pas complètement épuré ; les lavoirs et surtout le process n'étaient pas au point.
Il restait du charbon ou simplement des particules de ce dernier, sur les pierres qui étaient acheminées au terril et sur le charbon, de la pyrite de fer (sulfure de fer ou pierre de feu ), constituée par des cristaux dorés que les mineurs comparaient à des pépites d'or.
D'autres appelleront ce minéral: " l'or des fous ".
Au contact de l'oxygène apporté par la pluie qui s'infiltre dans le terril, la pyrite dégage de la chaleur; il s'agit d'une réaction chimique naturelle.
A l'air libre, la chaleur se dissipe aisément, mais à l'intérieur de ces montagnes de déblais, elle atteint progressivement un point de combustion qui enflamme les parties charbonneuses.
Ce qui donnera des terres rouges quelques décennies plus tard.
Des accidents ont marqué l'exploitation des terrils.
Le plus dramatique survint en 1975,une partie du terril du N°6 de Calonne, situé entre Auchel et Bruay explosa en pleine nuit, créant un éboulement venant recouvrir une partie de la cité minière attenante.
Six habitants furent tués, la commission d'enquête déléguée sur place évoqua l'explosion d'une poche de gaz ayant déclenché cette avalanche.
On estime que sur les 275 terrils recensés par les Houillères dans le Nord - Pas de Calais, la moitié a brûlé.
On a laissé un accès réglementé au public sur les terrils sécurisés, c'est à dire ceux érigés après la mise en service des lavoirs modernes ( post modernisation ) ; néanmoins on a condamné l'accès aux terrils brûlant encore ( bien souvent les plus anciens ), et pour certains on a entamé depuis quelques décennies, leur démantèlement.
Sur ce premier cliché: souvenir marquant du terril du siège 5 de Divion de la Compagnie des Mines de Bruay.
A l'origine conique, atteignant à une certaine époque 145 mètres de hauteur, la température pouvait atteindre 1200° en son centre (schistes rouges )...
Après 35 années constitutives de grignotage intensif et surtout de savoir faire de l'entreprise régionale DUFOUR, spécialisée dans le démantèlement des terrils des anciennes exploitations houillères, ne subsiste que la superficie revêtue désormais d'une végétation qui petit à petit reprend ses droits.
Autre cliché du terril du siège 5 de Divion et le défilé permanent des machines au c½ur du site il y a environ une quinzaine d'années on y voit " les portés disparus " selon mon ami Eddy qui ma transmis ces photos, et bien sur Rocco avec bien sur sa chouette manière de travailler... à l'époque.
La société DUFOUR affectée au démantèlement de ces anciens terrils régionaux, exploite les schistes noirs en surfaces et les schistes rouges consumés situés à l' intérieur de ces crassiers.
Terril du siège 6 de Calonne Ricouart des mines de Marles d'origine conique en forme. L'ensemble confronté à plusieurs phénomène de combustion créa en 1975 une l'explosion de cendres ébouillantées qui causa dans la cité toute proche plusieurs victimes et blessés.
Le site est actuellement toujours en exploitation mais l'édifice de schiste disséqué d'autant en longueur qu'en largeur semble aujourd'hui, quasi disparu des basses collines de l'Artois.
On distingue en arrière plan le centre équestre de Calonne, mais aussi nettement le contraste entre les schistes consumés et les schistes noirs.
Il reste encore pas mal de travail pour la mise à plat .
J'ajoute un lien vers un article de ce blog, relatif à la catastrophe liée à l'explosion de ce terril en 1975.
Au centre de ce cliché, le célèbre terril de Rimbert les Auchel, totalement exploité.
En haut à gauche la lagune et l'ancienne entreprise DEWAVRIN d'Auchel.
Des deux puits il reste les plaques en fonte, matérialisant leur emplacement ; ces dernières sont au niveau du château d'eau (d'origine).
Vingt mètres en retrait, seul vestige restant : un mur, que l'on aperçoit un peu plus bas à droite, mesurant deux mètres de largeur, cet ouvrage est également d' origine
Petite anecdote : un cour d'eau totalement recouvert d'une voute en brique d'une hauteur de trois mètres et de quatre de large , traverse le terril des premières maisons pour rejoindre le terril plat et ce, jusqu'à la lagune.
Détail sur ce tunnel vouté:
Nous nous trouvons en plein c½ur du terril de Rimbert les Auchel ou plutôt en dessous.
C'est à partir d'une demande formulée par les Houillères que la société DUFOUR a entrepris le chantier il s'agissait en fait, non seulement d'y accéder plus facilement, mais surtout résoudre les problèmes d'aération et d'encombrement, car de nombreux déchets (branches et objets divers) obturaient l' ouvrage.
Il a donc fallu découvrir le schiste jusqu'au terrain naturel afin d'accéder au cours d'eau dit le" Rimbert "entièrement recouvert d'une voute en brique.
Bien entendu toute cette construction a été entreprise bien avant la formation du terril ( imaginez l' époque ).
Il s'avérait que durant cette periode du fonctionnement des mines, un groupe de mineurs pouvait ainsi nettoyer et entretenir le réseau régulièrement. puisque à l'intérieur s'y trouve encore un accotement, de la largeur d'une brouette, mais également une ligne de chemin de fer entièrement positionnée au dessus du cour d'eau sur environ 1,5 kilomètres ( visible sur la photo ci dessus).
je viens de voir les photos du souterrain du Rimbert sur ton site
Nous habitions juste en face.
A la fin de la guerre 39-45, les gens du coin se réfugiaient dans ce souterrain en cas d'alerte.
je me souviens d'une nuit où ma mère m'avait empoigné tenant ma soeur dans ses bras,
et courant à perdre haleine vers l'entrée de l'acqueduc.
les alliés bombardaient avec plus ou moins de précision les installations de V1 à Ferfay.
Les bombes tombaient un peu partout, à Saint-Pierre, à Cauchy...un fameux feu d'artifice!!!
Les gens étaient rassemblés sur un genre de trottoir en briques surplombant le ruisseau qui coulait
en contre-bas: des berlines stationnaient çà et là. Tous attendions avec angoisse la fin de l'alerte.
Mais nous étions sûrs d'une chose: la masse du terril de Rimbert au-dessus de nous, nous protégeait!
à dé
guy de ch' bos "
Les moyens mis en oeuvre par la société DUFOUR sur ce chantier.
Mille mercis à mon ami Houdinnois Eddy Poiret, technicien de cette entreprise spécialisée, pour m'avoir aimablement transmis ces documents au même titre que ces précieux commentaires et informations.
andredemarles, Posté le samedi 05 octobre 2013 15:41
Phigarreau a écrit : "
"Merci beaucoup pour votre message de sympathie et vos éloges.