Amandine Paillart n'a pas les yeux embués quand elle parle de son père. Celui qui était connu pour son blog sous le pseudonyme d'André de Marles s'est éteint brutalement à l'âge de 54 ans.
Mais la jeune femme ne peut s'empêcher de sourire et a les yeux qui pétillent en évoquant les passions de son père et leur complicité. Malicieuse. André Paillart était un drôle de bonhomme qui, à travers son amour - inattendu - pour le patrimoine minier, s'est fait un nom aux quatre coins du monde.
Ils étaient fusionnels. Amandine et son père André Paillart ont toujours été liés par une forte complicité du fait de leurs passions communes. Et même si le Marlésien finirait par être connu pour son amour du patrimoine minier, lui et sa fille ont longtemps trouvé curieux que les anciens mineurs gardent leur lampe ou de vieilles photos comme de précieux souvenirs. « On trouvait ça drôle ! », sourit la jeune femme de 28 ans, qui vit à Bruay-La-Buissière.
Alors, ils ont d'abord partagé un amour des Beatles, des brocantes et des grands criminels des XIXe et XXe siècles. Mais son père, « passionné de tout », s'est aussi tourné vers le paranormal. Et c'est aux alentours de 2006 qu'André est tombé sur un livre qui allait tout changer. « Tout a commencé avec le Guide de Flandre et Artois mystérieux, rempli d'anecdotes sur la région. Par exemple, l'église d'Houdain serait en hauteur car le diable l'y aurait placée pour que les personnes âgées ne puissent plus y aller. Puis, il est allé sur le site Internet Histoires de Ch'tis. » Et c'est là qu'André Paillart a commencé à écrire à son tour « quelques histoires sur ce qu'il connaissait de la région. Avec le site, il s'est intéressé au patrimoine régional, aux mines... Il a acheté ses premières lampes de mineur ! Et une sainte Barbe. Moi qui suis passionnée par les saints, on se retrouvait chaque année pour la Sainte-Barbe. En 2012, on était allé à la messe à Lens, célébrée en ch'ti. On avait tous les deux fait bénir notre lampe de mineur. C'était vraiment ce qu'on partageait, cette fête. » Au fur et à mesure, le Marlésien a rencontré de nombreux autres passionnés, échangé avec eux, qu'ils soient dans les environs ou jusqu'en dehors des frontières. Lui qui fut aussi un temps arbitre de boxe professionnel connaissait déjà tout un tas de gens. En octobre 2008, André se lançait et créait à son tour un blog dédié au patrimoine minier : andredemarles.skyrock.com « Il y consacrait toutes ses soirées. Et tous les dimanches matin, il allait aux brocantes pour rechercher des objets, les retaper, puis parfois les échanger, comme tout collectionneur. » Et sa fille d'ajouter : « On se disait que c'était une lubie, car il a eu sa période Égypte, etc., que ça allait lui passer ! Mais il s'est fait un nom. D'ailleurs, Bertrand Cocq (auteur et comédien patoisant local) nous a rendu visite au funérarium et il nous a dit qu'il était une vraie référence pour beaucoup, parmi ceux qui recherchaient des informations sur le patrimoine minier. »
Un phénomène
Amandine consultait régulièrement le blog de son père mais n'avait jamais pris conscience de son importance. « Il y a près de 1 000 articles, 250 000 visites, 46 000 commentaires... Je ne savais pas qu'il était aussi connu ! On a reçu des lettres d'Anglais, d'Allemands, d'Espagnols, qui avaient rencontré mon père au Mining (le salon international de l'objet minier, NDLR). C'est là qu'il voyait ses amis des quatre coins du monde. Des gens de Paris se sont déplacés pour son enterrement. On ne s'attendait pas à une telle ampleur ! » Alors, même si "André de Marles" n'est plus, le blog andredemarles continuera d'exister. Ça, c'est sûr. « Moi je l'écoutais beaucoup, mais de là à écrire des articles comme lui, ça n'est pas possible. Mais le blog restera ouvert : il est hors de question de le fermer ! » Et puisqu'André Paillart avait pour projet de publier un livre rassemblant ses écrits, sa fille espère un jour trouver un éditeur pour réunir ses plus beaux textes et ainsi lui rendre hommage.
Dernier souvenir marquant. « Quand le Bassin minier a été classé à l'Unesco, c'était la folie ! Pire que la Coupe du Monde », lance Amandine avec un grand sourire. Simple hasard ? Enterré au cimetière du 3 à Bruay, André Paillart est juste en face du terril. « Comme s'il le regardait... »
« Je resterai la gardienne de sa collection de lampes de mineurs. »

La fille d'André Paillart (ci-dessous au Mining de Bully-les-Mines, un salon international de l'objet de la mine) ne cache pas que son père était aussi connu pour être grognon. Mais le «râleur» s'est fait un nom.
Gwenaëlle DÉFOSSEZ
L'Avenir de l'Artois
SergeyLarTM, Posté le jeudi 01 octobre 2020 15:55
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