DERNIERE GAILLETTE
Voulant creuser un puit
Que la première gaillette
Apparue à Oignies
De ce sous sol hostile
Pourtant si attachant
Du charbon qui rutile
Force les sentiments
Qand elle fut remontée
Cette dernière gaillette
Les mineurs perturbés
Ce ne fut pas la fête
iLs ont surtout pensé
A leurs aieux mineurs
Par besoin du métier
Ont combattu la peur
Puis ceux qui sont restés
Fauchés par leur destin
Nont pas revu le jour
Par un si beau matin
Et cette silicose
Qui éclaircie les rangs
Dans cette mort précoce
Pauvres êtres s'étouffant
150 ans de travail
D'amitié, de devoir
A vivre dans les entrailles
Pour en faire la mémoire
Sur cette peau ridée
Se termine l'histoire
Une larme a coulée
Sur leur face de gueules noires
En 1990 remonte de la dernière
Alors que dans le Nord les puits depuis un siècle fleurissaient, c'est à Oignies en 1842 que l'épopée du charbon gagne le Pas-de-Calais.
C'est aussi là qu'il y a vingt deux ans a été remontée la dernière gaillette de tout le bassin minier.
Le 21 décembre 1990, à Oignies, une page de l'histoire de notre région s'est tournée.
Il est aux alentours de 10 h 45 en ce matin hivernal quand les portes de la cage orange métallique de la fosse 9/9 bis du siège 10 s'ouvrent sur les dernières « gueules noires ».
Ils ont chacun ramassé une grosse gaillette ou des petits éclats de charbon et sortent sous les cris et les applaudissements des centaines de riverains, élus, mineurs et familles ainsi que les nombreux journalistes avant de se fondre dans la haie d'honneur qui leur a été préparée.
Ils sont les derniers soldats de cette épopée de deux siècles et demi qui a profondément bouleversé l'Artois, le Douaisis et le Hainaut.
Ils furent 220 000 mineurs au plus fort de l'exploitation, ils ne sont plus que 350 à la « der » de Oignies, pour la plupart marocains, pour la plupart des anciens d'autres fosses qui tour à tour ont fermé.
Ce matin-là, ils ne furent qu'environ 200 à descendre, se souvient Désiré Lefait, le chef porion, adjoint du directeur pour les travaux du fond. « À 6 heures du matin, j'ai croisé ceux qui terminaient leur poste de nuit, souvent tristes de ne pas pouvoir participer quelques heures plus tard à la remontée de la dernière gaillette. » Un symbole fort.
Une cérémonie organisée pour les mineurs, les familles et les médias à chaque fermeture de site.
Mais celle-ci avait le goût de l'Histoire avec un grand H.
La véritable fin de l'exploitation avait eu lieu la veille, le 20.
« Jusqu'au bout, les mineurs ont travaillé », a constaté Désiré Lefait.
« Quand ils ont appris que ça fermait, ils ont parfois dit à leur femme : "Je ne me ferai plus crever", mais dès qu'ils descendaient au fond... »
( photo de mon ami Jean-Marie Minot )
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